Assises de Namur : “De la précipitation plutôt que de la préméditation”, pour expliquer la mort de Nico Becker, selon l’avocat de Gaëtan Legros
"Nous ne serions pas ici si Nico Becker avait eu une attitude normale", estime Me Mayence
- Publié le 23-04-2024 à 11h51
La plaidoirie de Me Mayence, avocat de Gaëtan Legros, est intervenue mardi matin, dans le cadre du procès en assises de Gaëtan Legros et d’Alix Verbruggen, qui doivent répondre de l’assassinat de Nico Becker et d’incendie volontaire.
Le corps de Nico Becker a été retrouvé dans sa camionnette, qui avait été incendiée, le 8 août 2022 à Lonzée. Gaëtan Legros, tenancier d’une friterie de la région a reconnu avoir tiré à 2 reprises sur la victime, qu’il accusait de vouloir le racketter. Il a été aidé par Alix Verbruggen pour évacuer le corps. Tous deux nient avoir prémédité la mort de Becker.
L’avocat évoque un “acte épouvantable” dans le chef de son client. “Le dossier a l’air simple. Mais il est extrêmement complexe car tout est dans la nuance et dans les différences dans les propos des deux accusés. Gaëtan Legros n’a jamais varié dans ses déclarations. Il n’a jamais changé de version. Il a permis la résolution de cette affaire avec une déclaration limpide le jour de son audition : le nombre de tir, d’où il a tiré, comment il a tiré, et pourquoi il l’a fait.”
"Nous ne serions pas ici si Nico Becker avait eu une attitude normale"
Les parties civiles affirment que Becker n’a pas voulu racketter Legros. Me Mayence s’insurge : “S’il n’y a pas de racket, il n’y a pas de préméditation. Nous ne serions pas ici si Nico Becker avait eu une attitude normale. Gaëtan Legros n’aurait pas agi de la sorte si Nico Becker n’avait pas tenté de le racketter. Son comportement a engendré une réaction, qui a eu des conséquences. Je n’avancerai cependant pas l’argument de la provocation.”
L’avocat questionne les jurés : “A quoi Gaëtan Legros a-t-il été confronté pour commettre des faits pareils ? La question est de savoir quand les armes ont été chargées et de savoir si cela a été fait dans un but réfléchi dans le but de commettre les faits.”
Me Mayence rappelle la chronologie des faits. “Gaëtan Legros n’a jamais varié sur l’essentiel. Le 10 août, il raconte ce qui s’est passé avec Nico Becker, qui s’est insinué dans sa vie. Gaëtan a été menacé avec un couteau, avec un verre cassé. Les témoins ont entendu des cris, décrivent une ambiance bizarre. On a retrouvé un verre cassé, Becker avait les poings en sang tant il frappait sur la paroi en tôle du fumoir où il était en train de racketter mon client. Le lendemain, Nico Becker a recommencé ses menaces en appelant Gaëtan Legros pour lui réclamer de l’argent, pendant plus de 10 minutes. Il lui a annoncé vouloir venir vers 13h pour récupérer une partie de la caisse du week-end de la friterie. Mon client n’a jamais appelé Mr Becker pour lui tendre un piège, c’est Becker qui l’a appelé. Comment dans ce cas prétendre qu’il y a eu préméditation, et que Legros l’a attiré pour le tuer ? Gaëtan Legros n’a jamais eu l’intention de tuer Becker avant son arrivée chez lui.”
"Il n’a mis qu’une munition, à la main, directement dans la chambre. Est-ce le choix réfléchi de quelqu’un qui prémédite un tel acte ?"
Me Mayence aborde la question de la préméditation. “Gaëtan Legros n’a pas eu le temps de prendre le chargeur pour mettre plusieurs munitions. Il n’a mis qu’une munition, à la main, directement dans la chambre. Est-ce le choix réfléchi de quelqu’un qui prémédite un tel acte ? C’est de la précipitation plutôt que de la préméditation. On dit que Verbruggen était là pour fournir un angle de tir idéal à Legros ? À plus de 40 mètres, est-ce le scénario idéal ? Il aurait pu rater sa cible ou pire, toucher Alix Verbruggen.”
La théorie du guet-apens est développée. “Comment les deux accusés pouvaient-ils savoir que Becker allait se garer derrière la friterie pour aller rejoindre Alix Verbruggen près du terrain de pétanque pour être abattu par Gaëtan Legros ?”
Pour Me Mayence, la thèse de la préméditation ne peut être retenue. “S’il voulait assassiner Becker, Legros aurait-il fait cela chez lui, où il y a des voisins ? À une telle distance ? Il a agi dans la précipitation, puis ils ont essayé de camoufler leurs traces et ont été rapidement interpellés tant ils ont agi dans l’urgence.”